Juste une fois - Partie III [Fanfiction]

Et voici la fin ^^



Un mois s’était coulé, le laissant tellement abattu que c’était étonnant qu’il soit encore en vie. Si toute fois, on pouvait appeler ça vivre. Il se levait, allait à la répétition ou assurait un live avec son groupe, qui avait arrêté de lui faire des remarques sur sa mauvaise mine mais ne s’en inquiétait pas moins, rentrait chez lui et se couchait. Il mangeait à peine et avait perdu beaucoup de poids, le rendant encore plus squelettique. Il se demandait comment il avait pu en arriver là. Il ne comprenait pas. Il était tombé sous son charme dès qu’il avait posé les yeux sur lui, mais il ne l’avait pas revu et ne s’en était pas porté plus mal, tandis qu’après leur deuxième rencontre, il s’était doucement plongé dans un monde qui le détruisait à petit feu. Il ne se comprenait plus et ne le voulait peut-être pas. Il ne niait même plus, le petit guitariste lui manquait. Ça le rendait malade et il s’en voulait. Il n’osait même pas sortir pour aller le voir, lui parler, faire connaissance et ça lui brisait le cœur. Non, il ne pouvait être tomber amoureux d’un jeune homme qu’il n’avait vu que deux fois. Et pourtant… Il fut coupé dans ses réflexions par la sonnerie de son portable. Il laissa sonner et s’engouffra dans la salle de bain.

« Aoi, c’est Uruha, juste pour te rappeler que c’est aujourd’hui le live, soit pas en retard ! »
« C’est de nouveau moi, j’ai oublié de te dire qu’on s’était donné rendez-vous au petit bar habituel une heure plus tôt pour se détendre ensemble ! »
« Aoi, c’est toujours Uru, j’espère que tu as eu mes messages, à tout à l’heure ! »
« Eto… T’étais censé être là depuis dix minutes, j’espère qu’il n’y a rien de grave… »
« C’est encore moi, je suis un peu déçu que tu sois pas venu au bar, est-ce que tu vas bien ? »
« Aoi, bordel, ça fait une heure qu’on t’attend dans les loges ! Kai fume presque par les oreilles tellement il est en rogne, t’es où ? »
« Aoi, je donne pas cher de ta peau si t’es pas là dans dix minutes… »
« Aoi, réponds s’il te plaît, tu m’inquiètes… »

Il éteignit son téléphone, balança son mégot dans la poubelle et entra dans le bâtiment. Il avait passé l’après-midi dans son lit, allongé sur le dos, essayant de faire le vide avant le live et ses larmes n’avaient cessé de couler. Il se sentait stupide, il lui suffisait d’aller jusque chez lui, de sonner et de lui parler, mais il restait à se morfondre dans son coin. Il ouvrit la porte de la loge, découvrant un Kai rouge de colère sur le fauteuil avec un Ruki sur ses genoux qui tentait de le calmer tandis qu’Uruha et Reita parlait gravement dans un coin sans faire attention aux deux autres. Quatre regards se posèrent sur lui et la fureur de Kai s’estompa instantanément en voyant son visage décomposé et ses yeux rouges. Il baissa la tête et referma la porte derrière lui.

- Désolé d’être en retard, murmura-t-il en s’asseyant face aux miroirs.
- Aoi, t’es sûr que ça va ? demanda Kai, inquiet.
- Oui, ne t’en fais pas ! Je n’ai simplement pas dormi assez…

Il ne lui précisa pas qu’il souffrait d’insomnies depuis quelques semaines déjà. Il s’appliqua comme jamais sur son maquillage puis il se changea rapidement. Il se construisit un sourire aussi vrai qu’il put, sachant qu’une fois la guitare en main, il oublierait tout et n’aurait plus à se forcer. Plus rien d’autre ne compterait que la musique, comme d’habitude.


**


Il avait réussi à se procurer une place pour le live. Il ne remercierait jamais assez Tetsu d’avoir fait jouer ses relations. Un bonnet profondément enfoncé sur la tête, une grosse écharpe autour du cou, des semelles compensées et des lunettes teintées lui permettaient de passer inaperçu dans la foule. Il était nerveux, comme avant un concert sauf que, cette fois-ci, ce ne serait pas lui sur scène. Il allait le revoir. Et ce n’était pas un rêve, il faisait bien trop froid. La neige commençait tout juste à tomber quand les portes s’ouvrirent. Il se plaça juste devant la scène, du côté gauche, de façon à se trouver devant lui. Il ôta ses lunettes, dans l’excitation, personne ne ferait attention à lui. A leur entrée sur scène, son cœur s’emballa ; il était encore plus beau que dans ses souvenirs. Une fois sa guitare en main, il était dans son univers. Il rayonnait. Il ne criait pas, il ne chantait pas, il se contentait de le regarder, le cœur serré. Les dernières notes raisonnèrent dans la salle, le public était complètement hystérique et c’est là que tout s’accéléra. Il se pencha pour taper dans la main de quelques personnes et leurs doigts se rencontrèrent. Il leva la tête et plongea son regard dans le sien. Il resta quelques instants sans réagir avant de serrer ses doigts dans un grand sourire. Son cœur se remplit de joie, il aimait tellement ce sourire. Il fallait qu’il lui parle, qu’il le voie. Son sang ne fit qu’un tour, il se retourna brusquement et en jouant des coudes, ignorant les exclamations rageuses, il sortit à l’air libre. Il connaissait la salle pour y avoir déjà jouer, il savait où se trouvaient l’entrée des loges. Il se glissa lentement à l’arrière et se retrouva face à une petite porte, gardée par un vigile. Il essaya de se faufiler, le gardien lui barra l’entrée de son bras avant de le repousser. Il vacilla dangereusement mais se rattrapa de justesse à un lampadaire. Il jura entre ses dents, s’il ne rentrait pas maintenant, une meute de fans en folie l’entourerait et il n’aurait plus aucune chance d’entrer. Malheureusement, il n’avait aucun moyen de passer, aucune idée ne lui parvenait. Il poussa un soupire à fendre l’âme et se préparait à partir quand la porte s’ouvrit. Il se retourna. Il lui attrapa le bras et l’entraîna à l’intérieur en murmura au gardien « il est avec moi ».


**


Impossible. Il ne pouvait pas être là face à lui, dans cette marée humaine. Pourtant, leurs yeux ne se quittaient pas. Jusqu’à ce qu’il tourne les talons et parte. Il resta un instant à le regarder fendre la foule puis il se reprit. Il salua le public puis s’enfuit littéralement. Il courut sans s’arrêter, sauta quelques marches quand elles se présentaient, manqua de tomber plusieurs fois puis arriva enfin à la porte qui le mènerait à lui. Il l’ouvrit sans prendre la peine de récupérer son souffle et frissonna face au vent glacial qui caressa sa peau nue à certains endroits. Il s’apprêtait à repartir mais il lui attrapa le bras et l’entraîna à l’intérieur. Il l’emmena dans un dédale de couloirs avant de s’arrêter et de se tourner vers lui. Il n’eut pas le temps d’esquiver et il le rattrapa de justesse. Il posa ses mains sur ses joues.

- Hyde… souffla-t-il, ému.
- Désolé d’avoir été si long…
- Ne dis pas de bêtises !

Il n’y croyait toujours pas, il se tenait là, face à lui. Ce petit bonhomme plein de charme était à quelques centimètres de son corps. Il les franchit et le serra dans ses bras.

- J’ai cru ne jamais te revoir.
- Ne dis pas de bêtises !

Ils se sourirent et, doucement, il se pencha pour poser ses lèvres sur les siennes. Il enroula ses bras autour de son cou et répondit au baiser. Tous deux attendaient depuis trop longtemps ce moment.

- Tu m’obsèdes Hyde. Depuis ce jour au parc, je me laissais dépérir de ne pas avoir le courage de revenir te voir…
- Et je serais devenu quoi si j’avais appris que tu n’étais plus ? Je t’ai cherché et j’ai fini par découvrir que tu étais en tournée avec ton groupe, j’ai désespéré de te revoir… Aoi, c’est étrange, on ne s’est rencontré que deux fois, on n’a presque pas parlé, on ne se connaît pas ou peu, mais j’ai l’impression de mourir quand tu es loin… Aoi, je crois que je t’aime…
- Moi aussi, Hyde…

Il l’embrassa tendrement et l’enlaça en plongeant dans ses yeux noirs. Rien ne le séparerait plus de lui. Il avait trouvé son soleil et il ne laissera personne l’éloigner de lui.


**


Il était assis sur ce petit banc dans ce petit parc. Il regardait le ciel qui déversait joyeusement ses petits flocons blancs. Il baissa le regard et le tourna vers le petit muret. Il y étais assis et le dévorait du regard. Il sourit et s’approcha de lui. Il lui tendit la main droite et l’attira à lui. Il frissonna à ce contact.

- Ca va ?
- Tout va bien, merci. Puis-je vous inviter boire un verre ?
- Et bien, pourquoi pas ?

Il l’entraîna vers un petit café. Ils se sourirent et commandèrent deux chocolats chauds avant de se tourner l’un vers l’autre. Il le salua d’un signe de tête avant de se présenter.

- Aoi.
- Hyde.

Ils laissèrent passer quelques minutes, le regard vague, perdus dans leurs pensées.

- Tout aurait pu être moins douloureux…
- Ça nous aurait juste donné moins envie d’en profiter…
- Oui, mais…
- Il n’y a pas de mais, Hyde. Ça s’est passé ainsi et ça ne changera pas. Nous pourrons rejouer cette scène autant de fois que nous le voulons, mais la réelle ne changera jamais.
- Je sais…
- Ne sommes-nous pas heureux ?
- Si, bien sûr que si.
- Alors, n’est-ce pas le plus important ?

Il lui sourit. Il avait raison. Depuis un an, ils étaient parfaitement heureux. Et ensemble. Il lui prit la main et la serra dans la sienne. Il était là et rien d’autre n’importait.







Note de fin : Alors, qu'en pensez-vous ?
Pour ma défense, je dirais que c'est pas de ma faute si j'aime les histoires qui finissent bien et les prises de têtes xp